Barrages : Ou en est-on?

Vous vous en serez probablement rendu compte en arpentant les berges du Doubs, le régime hydrologique imposé par les barrages s’est fortement adouci ces derniers mois, c’est le moins que l’on puisse dire!

La révision du Règlement d’eau dont nous vous parlions depuis plusieurs années semble porter ces fruits! Si nous ne pouvons pas vous détailler ici l’ensemble des mesures y figurant, nous allons tenter de vous en expliquer les principales  grandes lignes.

Gestion des éclusées : Les débordements au Refrain, ces grands pics, de débit seront fortement limités, puisque à moins de 10 m3 / sec aux Brenets (station de référence des débits naturels du Doubs en amont des 3 barrages), c’est à dire une large majorité du temps, le principe de « démodulation » impose au Châtelot de limiter ses éclusées pour ne pas faire déborder le Refrain. Les débits sur la Franco-Suisse varieront quotidiennement dans la plage de turbinage du Refrain, c’est à dire entre environ 10 et 20 m3 / sec. De plus, il est acté que dans cette plage de turbinage, les débits à la baisse ne pourront pas dépasser la vitesse de 1 m3 / sec/ heure. A cette valeur, les poissons ont le temps d’accompagner l’eau qui se retire et les piégeages sont très majoritairement évités.

A plus de 10 m3 / sec aux Brenets, le Refrain pourra déborder, et les éclusées du Châtelot se répercuteront jusque sur nos parcours, par contre dans ce cas là, le Refrain turbine au maximum et en continu donc le débit à l’aval ne descend pas en dessous de 20 m3 / sec, protégeant l’assèchement la majorité des zones sensibles (gouilles, gravières, etc…).

Gestion de fin de crues : Après une période de turbinage continu à un débit donné d’au moins 5 jours, la baisse du débit turbiné au Châtelot s’effectue par paliers et doit avoir lieu progressivement : Au-delà de 20 m3/s : gradient de baisse maximal de 1.5 m3/s par heure. Entre 20m3/s et 7 m3/s : gradient de baisse maximal de 1.5 m3/s par 2 heures. Reste le problème du dernier pallier entre 7 et 2 m3 sec qui, pour le moment, ne peut techniquement pas faire l’objet d’une baisse progressive et qui continue d’impacter les zones sensibles du Doubs Neuchâtelois.

Au Refrain, La baisse du débit turbiné est conduite par paliers selon un gradient maximal de 1 m3/s par 2 heures, ce qui là encore (nos observations l’ont bien mis en évidence) protège très efficacement les poissons contre le piégeage.

Concrètement, voilà ce que cela donne sur les courbes de débit : comparaison, à hydrologie égale, entre  2 fins de crues et les turbinages qui s’ensuivent, en janvier 2013, avec à la clé des épisodes de mortalités dramatiques et avril 2015 :

Débits de base: Ce sont les débits minimums obligatoires afin d’améliorer les conditions de vie dans le lit mineur de la rivière et protéger les frayères les plus sensibles à l’exondation, comme celle, très importante des Seignottes. Il a été instauré le concept de « période sensible », avec des débits plus importants sur la période de fraie et post-fraie des salmonidés.

Le débit initial de 3,7 m3 / sec aval Refrain a donc été passé à 5 m3 / sec pour la période non sensible et devra être maintenu à 7 m3 / sec du 1er décembre au 15 mai. Bien entendu, des mesures dérogatoires pourront être mises en place en cas d’étiage sévère et prolongé, mais sous conditions de baisses ultra progressives de l’ordre de 1 m3 / sec sur 2 jours!

Cette première saison d’application aura été une réussite, quoi que bien aidée par une hydrologie plus que favorable, puisque depuis la fraie des truites, nous n’aurons jamais vu le débit du Doubs passer à moins de 10 m3 / sec à Goumois!

Nous pouvons donc dire, avec beaucoup de satisfaction que pour la première fois depuis de nombreuses années, des alevins de truites et d’ombres vont pouvoir sortir vivants de la frayère des Seignottes (celle ci étant sensible sous la barre des 7 m3 / sec). Entre cela et l’atténuation des éclusées, nous sommes certains que l’impact positif sur nos alevins de truites et d’ombres ainsi que sur les petites espèces sera évident. L’expérience nous ayant appris à rester prudents, il nous reste à croiser les doigts pour ne pas avoir d’incident technique qui viendrait, comme cela a souvent été le cas par le passé, anéantir les efforts des usiniers.

La frayère des Seignottes, bien en eau tout au long de l’hiver et du printemps.

A ce sujet, des mesures supplémentaires visant à sécuriser la vanne de tête du Refrain (qui tombait avant pour un oui ou pour un non), provoquant de désastreuses baisses de débit à l’aval, ont déjà été effectuées. Le projet de bi-pass qui permettrait d’approvisionner immédiatement le Doubs en cas d’incident et qui règlerait définitivement ces problèmes est à l’étude et pourrait voir le jour d’ici 2018.

En espérant que ce petit exposé soit resté digeste et compréhensible, nous vous souhaitons une bonne pêche à tous.

Truitelle 2015.

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